sábado, 23 de abril de 2011

Christine de Pizan (1363 - 1431)

Christine de Pisan - Seullete suy (Lucie de Vienne Blanc)



Seulete suy

Seulete suy et seulete veuil estre,
Seulete m'a mon doulz ami laissiée ;
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre,
Seulete suy, dolente et courrouciée,
Seulete suy en languour mésaisée,
Seulete suy plus que nulle esgarée,
Seulete suy sanz ami demourée.

Seulete suy à huis ou à fenestre,
Seulete suy en un anglet muciée,
Seulete suy pour moi de plours repaistre,
Seulete suy, dolente ou apaisiée,
Seulete suy, riens n'est qui tant messiée,
Seulete suy en ma chambre enserrée,
Seulete suy sanz ami demourée.

Seulete suy partout et en tout estre,
Seulete suy, ou je voise ou je siée,
Seulete suy, plus qu'autre riens terrestre,
Seulete suy de chascun délaissiée,
Seulete suy durement abaissiée,
Seulete suy souvent toute éplourée,
Seulete suy sans ami demourée.

Princes, or est ma doulour commenciée :
Seulete suy de tout deuil menaciée,
Seulete suy plus teinte que morée,
Seulete suy sanz ami demourée.




Pierre de Ronsard en musique

chanson historiques de France 135 : Mignonne allons voir si la rose 1576
Ode à Cassandra de Pierre de Ronsard





chansons historiques de France 55 : le Printemps retourné 1586



Chansons historiques de France 55 : le Printemps retourné 1586


RONSARD - BEETHOVEN.Mignonne allons voir si la rose. Lettre à Elise.



Ronsard en Musique

Charles D’Orléans – Poésie - Dieu, qu’il la fait bon regarder




Dieu, qu’il la fait bon regarder,
La gracieuse, bonne et belle !
Pour les grans biens qui sont en elle,
Chascun est prest de la louer.
Qui se pourroit d’elle lasser ?
Tousjours sa beauté renouvelle,
Dieu, qu’il la fait bon regarder,
La gracieuse, bonne et belle !
Par deça ne dela la mer
Ne sçay dame ne damoiselle
Qui soit en tous biens parfais telle ;
C’est un songe que d’y penser.
Dieu, qu’il la fait bon regarder !

http://www.litteratureaudio.com/forum?forum=5&topic=364&page=1 accédé le 23 avril 2011 par Norma Regina

La Complainte de Rutebeuf (1230? - 1285?) Le pauvre Rutebeuf

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Adaptation en Français moderne

http://www.poesie.net/rutebeu1.htm accédé le 23 avril 2011 par Norma Regina

Lorsque les jours sont longs en mai (par Jofre Rudel

Lorsque les jours sont longs en mai
M'est beau doux chant d'oiseaux de loin
Et quand je suis parti de là
Me souvenant d'amour de loin
Vais de désir front bas et clin* (* incliné)
Ainsi chants ni fleurs d'aubépine
Me plais(ent) plus que l'hiver(nale) gelée

Jamais d'amour me réjouirai
Si ne jouis (de) cet amour de loin
Que mieux ni meilleur ne connais
Vais nulle part ni près ni loin
Tant est son prix vrai et sûr
Que là devant les Sarrasins
Pour elle être captif (je) réclame

Triste et joyeux m'en partirai* (* éloignerai)
Quand verrai cet amour de loin
Mais ne sais quand la reverrai
Car nos terrains sont vraiment loins
Il y a tant cols et chemins
Et pour ceci ne suis devin
Mais que tout soit comme à Dieu plaît

Paraîtra joie quand lui querrai* (* demanderai)
Pour l'amour-Dieu l'amour de loin
Et s'il lui plaît j'habiterai
Près d'ell(e) mêm(e) si je suis de loin
Donc arrivera l'entretien* fi(dèle) (* étape de l'amour courtois)
Qu'amant lointain devenu proche
A ses beaux dits* jouira (de) plaisir (* paroles)

Je tiens bien le Seigneur pour vrai
Par qui verrai l'amour de loin
Mais pour un bien qui m'en échoit
J'ai deux maux car tant m'est de loin
Ah que (je) sois là-bas pélerin
Que mon bâton et mon tapis
Soient par ses beaux yeux regardés

(que) Dieu qui fit tout qui va et vient
Et forma cet amour de loin
Donn(e) le pouvoir au coeur que j'ai
Que bientôt (je) vois l'amour de loin
Vérita(ble)ment en lieu aisé* (* agréable)
Tel que la chambre et le jardin
Me semblent tout temps un palais

Il dit vrai qui me dit avide
Si désireux d'amour de loin
Car nulle autre joie ne me plaît
Que de jouir de l'amour de loin
Mais ce que (je) veux m'est interdit
Car ainsi (me) dota mon parrain
Que j'aime et ne suis pas aimé

Mais ce que (je) veux m'est interdit
Que tout maudit soit le parrain
Qui fit que ne suis pas aimé

http://francais.agonia.net/index.php/poetry/157841/Lorsque_les_jours_sont_longs_en_mai accedé le 23 avril 2011 par Norma Regina

quinta-feira, 21 de abril de 2011

Clément MAROT (1497-1544)

A son ami lion

Je ne t'écris de l'amour vaine et folle :
Tu vois assez s'elle sert ou affolle ;
Je ne t'écris ni d'armes, ni de guerre :
Tu vois qui peut bien ou mal y acquerre ;
Je ne t'écris de fortune puissante :
Tu vois assez s'elle est ferme ou glissante ;
Je ne t'écris d'abus trop abusant :
Tu en sais prou et si n'en vas usant ;
Je ne t'écris de Dieu ni sa puissance :
C'est à lui seul t'en donner connaissance ;
Je ne t'écris des dames de Paris :
Tu en sais plus que leurs propres maris ;
Je ne t'écris qui est rude ou affable,
Mais je te veux dire une belle fable,
C'est à savoir du lion et du rat.

Cettui lion, plus fort qu'un vieux verrat,
Vit une fois que le rat ne savait
Sortir d'un lieu, pour autant qu'il avait
Mangé le lard et la chair toute crue ;
Mais ce lion (qui jamais ne fut grue)
Trouva moyen et manière et matière,
D'ongles et dents, de rompre la ratière,
Dont maître rat échappe vitement,
Puis met à terre un genou gentement,
Et en ôtant son bonnet de la tête,
A mercié mille fois la grand'bête,
Jurant le Dieu des souris et des rats
Qu'il lui rendrait. Maintenant tu verras
Le bon du compte. Il advint d'aventure
Que le lion, pour chercher sa pâture,
Saillit dehors sa caverne et son siège,
Dont (par malheur) se trouva pris au piège,
Et fut lié contre un ferme poteau.

Adonc le rat, sans serpe ni couteau,
Y arriva joyeux et esbaudi,
Et du lion (pour vrai) ne s'est gaudi,
Mais dépita chats, chattes, et chatons
Et prisa fort rats, rates et ratons,
Dont il avait trouvé temps favorable
Pour secourir le lion secourable,
Auquel a dit : " Tais-toi, lion lié,
Par moi seras maintenant délié :
Tu le vaux bien, car le coeur joli as ;
Bien y parut quand tu me délias.
Secouru m'as fort lionneusement ;
Or secouru seras rateusement. "

Lors le lion ses deux grands yeux vertit,
Et vers le rat les tourna un petit
En lui disant : " Ô pauvre verminière
Tu n'as sur toi instrument ni manière,
Tu n'as couteau, serpe ni serpillon,
Qui sût couper corde ni cordillon,
Pour me jeter de cette étroite voie.
Va te cacher, que le chat ne te voie.
- Sire lion, dit le fils de souris,
De ton propos, certes, je me souris :
J'ai des couteaux assez, ne te soucie,
De bel os blanc, plus tranchants qu'une scie ;
Leur gaine, c'est ma gencive et ma bouche ;
Bien couperont la corde qui te touche.
De si très près, car j'y mettrai bon ordre. "

Lors sire rat va commencer à mordre
Ce gros lien : vrai est qu'il y songea
Assez longtemps ; mais il le vous rongea
Souvent, et tant, qu'à la parfin tout rompt,
Et le lion de s'en aller fut prompt,
Disant en soi : " Nul plaisir, en effet,
Ne se perd point quelque part où soit fait. "
Voilà le conte en termes rimassés
Il est bien long, mais il est vieil assez,
Témoin Ésope, et plus d'un million.

Or viens me voir pour faire le lion,
Et je mettrai peine, sens et étude
D'être le rat, exempt d'ingratitude,
J'entends, si Dieu te donne autant d'affaire
Qu'au grand lion, ce qu'il ne veuille faire.